Séanne, l’espiègle qui voulait pouponner

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Séanne va au jardin – y discute avec sa voisine – jour du bouda, entre femmes

J’ai rencontré Séanne dans l’auberge d’un petit village au sud de Kasi au Laos. La maison en bambou sur pilotis pour les voyageurs se trouve à côté de la maison où habite Séanne. La famille partage avec eux ses espaces communs à l’extérieur avec le jardin, la cuisine, le salon.

Séanne habite ici avec toute sa famille sur quatre générations. Son père, le « Captain » est le doyen. Séanne est la deuxième de ses 7 enfants. Et à 42 ans, Séanne vient d’être grand-mère de sa fille aînée de 21 ans. Le Captain a fait la guerre du côté des américains dans la médecine militaire. Ça lui a d’ailleurs valu d’être emprisonné par les communistes pendant 3 mois en 1975. C’est après qu’il a commencé à fonder sa grande famille.

C’est de son père que Séanne tient son côté espiègle. Même si elle ne parle pas anglais, elle sait toujours se faire comprendre à grand renfort de mimes. Un rire un peu rauque accompagne ses grimaces. Elle ne se prend jamais au sérieux. Elle est dotée d’une facilité incroyable pour entrer en contact avec les gens. Elle interpelle les voisins de sa voix qui porte. On pourrait dire qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche ! Et surtout, des yeux qui pétillent, un franc sourire et des bras grands ouverts. C’est elle qui a osé un jour, il y a 15 ans, arrêter son motoculteur-charrette sur le bord de la route pour prendre un autostoppeur uruguayen. Ça lui a valu une belle amitié et une collaboration à travers la création de la petite auberge.

Depuis quelques mois, Séanne se ravit de son nouveau rôle de grand-mère. La petite Tina est un peu comme sa petite dernière. C’est en quelque sorte le bébé de toute la famille d’ailleurs. Cet heureux poupon passe de bras en bras. Mais Séanne est la première nourrice après la maman. Elle s’extasie devant cette petite merveille et la montre à qui veut avec grande fierté. Elle la laisse même aussi téter pour la calmer et en espérant déclencher l’allaitement.

Je n’ai pas de possibilité de dialogue avec Séanne, mais j’observe à quel point la famille fonctionne comme une communauté. Les femmes de toutes les générations sont très soudées entre elles et s’entraident. Le jour de pleine lune, jour de célébrations où personne ne travaille, les femmes sont installées tranquillement ensemble à l’ombre d’un abri de bambou. Elles mangent, commentent la vie qui passe, à un rythme lent. Le rythme laotien. Séance d’esthétisme. Séanne se fait retirer ses cheveux blancs par sa fille Khome (qui signifie Moustique). Elle ne voudrait pas vieillir trop vite. Vives discussions ponctuées de rires. Une grande complicité entre toutes.

Un endroit que Séanne adore est le verger. Là-bas, au calme, elle cueille et grignote les oranges, pomelos et autres fruits de la passion. La gourmande. Elle prend plaisir à faire découvrir son univers. Elle veille aussi sur ses caféiers. Quand les petits plants donneront des fruits, elle pourra peut-être vendre le surplus.

En attendant, Séanne pouponne et accueille la vie comme elle sourit.

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