Nice, la lady strawberry qui voulait grimper plus haut

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Nice au jardin de fraises – en voiture pour le marché de sa mère – au café de son ami

J’ai rencontré Nice (de l’anglais, pas de la ville) à Mae Ai, dans le nord-ouest de la Thaïlande. Elle cherchait des volontaires pour l’aider dans sa ferme. A peine un an qu’elle a commencé et elle vient de faire sa première récolte de riz riceberry, une variété violette un peu sucrée. Sans utilisation de pesticides. Elle en est fière de son riz. Elle pèse les sacs qui lui reviennent de la machine à retirer l’enveloppe du riz. Elle additionne et conserve précieusement ses données. Voilà tout le riz qu’elle va pouvoir soigneusement empaqueter et étiqueter à destination d’une nouvelle clientèle. Elle mise d’abord sur la clientèle étrangère, sensible au bio. Mais elle est surprise de découvrir l’intérêt de ses amis. Quelques marchands locaux ont même accepté de mettre son riz délicieux sur leurs étals.

A 30 ans, Nice décide de lâcher sa carrière de journaliste à Chiang Mai, 2ème ville de Thaïlande, pour venir s’installer auprès de ses parents, dans une toute petite ville à 3h de route serpentée. C’est la santé fragile de son père qui précipite ce changement. Et cultiver du bio bien sûr, pour lui offrir une nourriture plus saine. Après un an de formation agricole, elle se lance. Du riz et des fraises principalement pour commencer, deux produits qu’elle adore. Elle cueille ses premières fraises avec amour. Elle les trie, sélectionne les plus belles pour la photo. En fille ultra connectée, les clichés sont aussitôt balancés sur les réseaux. Fermière d’un nouveau genre.

Nice est un surnom. Il lui a été donné par la sage-femme qui s’est occupée d’elle à la naissance, comme ça se fait ici. A voir son grand sourire, c’est un surnom bien trouvé.

Elle a beaucoup à prouver Nice. Elle a grandi et vit dans un monde où la société de consommation est la norme, même si ça fait mal. Elle aurait bien aimé construire la maison familiale en boue, comme l’a fait sa communauté modèle de permaculture d’où elle a beaucoup appris. Mais son père n’en est pas là. Il a préféré faire construire une grosse maison moderne et par conséquent contracter un emprunt à la banque. L’argent est devenu la principale préoccupation. Nice participe donc à l’effort familial, un business d’œufs « industriels ». Tenir le stand du marché de grossistes tous les jours qui commence à 2h du matin, du marché matinal du mardi, du marché de nuit du mercredi, empaqueter et livrer les œufs par 30aines. Elle n’aime pas tellement vendre ces œufs-là. Mais elle le fait car elle sait que c’est l’aide dont ses parents ont besoin pour le moment. Ils sont épuisés. Elle attend patiemment son heure. Elle est confiante. Elle sait qu’elle arrivera. A côté des œufs, sur son stand, elle dépose quelques exemplaires de ses produits. Elle teste la réaction des gens. Quelques curieux. Le marchand voisin lui achète un paquet de riz. Elle savoure modestement chaque petite victoire dans cet océan de pesticide. Mais elle doit encore convaincre. Et pas qu’un peu. Le gros morceau, le plus dubitatif, son père. Il a de son côté une petite production de riz collant, le riz plus traditionnel, avec des produits chimiques. Il n’a pour le moment pas l’intention de changer. Il observe d’abord l’activité de sa fille avec attention.

Nice cultive ses fraises sur le terrain de chez sa nourrice. Elle y a là ses 2èmes parents comme elle les appelle. Avec des parents sans cesse sur les marchés, elle a passé beaucoup de temps ici. Sa nourrice lui apporte beaucoup de soutien. Nice l’interroge et écoute ses conseils pour le jardin. Selon Nice, sa nourrice et son mari ont fait des choix différents. Ils sont pauvres, mais ont du temps libre et sont heureux.

Quand elle a un moment, elle rend visite à son ami qui a ouvert un petit café « nature ». Ces deux amis se soutiennent comme ils peuvent dans leurs business débutants avec le sourire. Elle prend le tablier pour lui donner un coup de main à l’heure de forte activité. Il lui achète quelques-uns de ses produits. Nice est décontractée ici. Ces cheveux lâchés, le sourire aux lèvres et le téléphone au bout des doigts.

Rendez-vous avec les élèves de sa promo dans son université. Elle troque ses chemises trop larges pour une chemise en jean’s cintrée. Elle va pouvoir respirer aux côtés de ses amis qui vivent les mêmes difficultés, à savoir comment trouver un débouché pour ses produits bio. La route est encore longue, mais est en bonne voie. Nice sait entretenir son réseau social vivant comme virtuel.

En bas de son dos, un proverbe chinois tatoué. Il dit que pour voir continuellement le soleil, il faut savoir toujours grimper plus haut. « Toujours chercher à s’améliorer » dit-elle.

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